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la même route en sens contraire : je n’ai reçu qu’hier soir ta deuxième lettre de Venise ; auras-tu reçu avant de partir pour Padoue ma réponse à la première ? je te l’ai adressée le 28 mai. En même temps que ta lettre, j’ai reçu hier de mademoiselle Ulliac des nouvelles qui m’ont fait beaucoup de peine. Sa pauvre mère est très malade, alitée depuis vingt-sept jours. Juge de la douleur de la fille ! Au moment où elle m’écrivait, il y avait un petit mieux ; mais ce terrible chiffre de quatre-vingts ans est une complication bien alarmante. Le moment de la perte de sa mère sera horrible pour mademoiselle Ulliac ; ah ! puisse-t-il être encore différé ! — Je n’ai pas de fraîches nouvelles de Saint-Malo ; cependant j’espère que tout le monde y est bien. — Au revoir, mon Ernest ! mon cœur bat de la plus vive joie en sentant que ce mot a désormais pour synonyme à bientôt.

H. R.


[Sur un billet séparé :] Pour calmer tes terreurs et pour me conformer à ce que tu désires, je l’écrirai de huit en huit jours à Milan et à Turin ; mais je t’assure que cela n’est point nécessité par ma situation, en laquelle huit jours n’amènent pas grand changement. — Ah ! que tu as bon goût d’aimer Venise ! qu’elle m’a aussi charmée ! Ne dis pas trop adieu à l’Italie ; nous la reverrons peut-être ensemble.