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pas moins que ma lettre te précédera à Venise. On vient de me faire une nouvelle cautérisation de la gorge, et je l’ai bien supportée, mon bon Ernest ; sois donc tranquille, je t’en supplie. Le médecin a été content de l’état où il a trouvé cette malheureuse gorge. Les boursouflements sont beaucoup moins grands, et surtout ne menacent plus de s’étendre jusqu’au larynx. Du courage donc, mon bon frère ! je verrai peut-être bientôt un terme heureux à ces souffrances. — Je reçois à l’instant une lettre de notre frère. L’excellent ami m’offre de venir me chercher à Berlin, si je veux partir avant que tu ne puisses te rendre dans cette ville ; je lui ai déjà écrit que je ne dois pas voyager avant le mois de juin, que je pourrai même attendre un peu plus tard, qu’à cette époque je serai probablement assez bien rétablie pour faire seule le voyage, mais que dans tous les cas je puis t’attendre, cher ami, et que je lui demande par conséquent de ne point quitter ses affaires. Je te répète, mon bon frère, que si je ne suis pas plus souffrante, je puis très bien faire seule le voyage de Berlin à Paris. — Avec les plus vives instances, très cher ami, je te demande que ce qui me frappe ne change en rien tes vues ou tes projets. J’ai foi en ton avenir : que j’en sois ou non témoin, c’est aujourd’hui tout pour moi. Je te supplie donc de toute mon âme de n’y porter aucune atteinte à ma considération ; ce serait me causer la plus vive des douleurs. — Accepte la nouvelle mission que M. Daremberg arrange ; je