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mon cœur bat encore à cette douce idée ! — Il faut fermer cette lettre, mon Ernest ; mais je t’assure que je l’achève avec une espérance bien plus vive que celle que j’avais en commençant. Te revoir dans deux mois ! Cette pensée me fait oublier que mon cruel mal me menacera longtemps. — Ah ! qui dira jamais avec quelle tendresse je t’embrasse et je soupire vers toi !

H. RENAN.


MONSIEUR ERNEST RENAN
recommandé aux soins et à l’obligeance de M. Daremberg, rue d’Enfer, 53.


Varsovie, 13 avril 1850.

Je songe sans cesse, mon Ernest chéri, au mal que t’aura fait ma lettre d’hier. J’y songe tellement que je ne puis résister au désir de t’écrire de nouveau. Le petit mieux se soutient, mon ami ; prenons courage ! le médecin a trouvé ce matin que, malgré les boursouflements, l’aspect général de la gorge n’était pas trop mauvais. Remets-toi donc un peu, je t’en supplie, mon Ernest. Achève ta mission de la manière dont tu l’avais projeté, et prenons le temps de nous entendre au sujet de mon voyage. Le courant de juin me vaudra mieux que [le] commencement ; non que je sois faible, mais parce qu’il fera moins humide. Je puis attendre jusqu’en juillet, même jusqu’au commen-