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connues d’ailleurs. Ainsi conçu et exécuté comme je l’entends, l’ouvrage me semble avoir des chances assez probables de succès. Le nombre des concurrents est toujours peu considérable, et la plupart des ouvrages présentés paraissent fort superficiels, à leur titre et surtout à la critique qui en est faite. Depuis trois années, le prix a été remporté par des ouvrages allemands. J’ai vu le titre du seul ouvrage présenté jusqu’ici pour le concours de cette année : assurément, ce ne sera pas un concurrent redoutable. Son titre seul sera sa condamnation aux yeux d’un tribunal sérieux et savant. J’ai aussi recueilli des renseignements importants sur la composition du bureau d’examen. Il se compose de quatre membres de l’Institut, qui se partagent l’examen des ouvrages, suivant leur spécialité. De leur nombre est M. Reinaud, professeur d’arabe à la Bibliothèque Royale, et qui m’a toujours témoigné un intérêt tout spécial. Je le vis à la Bibliothèque le jour même où j’allai voir M. Julien et il m’engagea très fortement à suivre la carrière des langues orientales et surtout à suivre son cours ; mes conférences de licence m’avaient empêché d’assister à la fin de l’année dernière. Il est certain que mon ouvrage lui tombera en partage pour l’examen, et je ne doute pas que le sujet ne lui en soit agréable. D’ailleurs, chère amie, un échec ne peut avoir le plus léger inconvénient. On présente son manuscrit sous l’anonymat avec une devise, et on y joint une lettre cachetée où se