Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nos amis. Avant février, il s’était mis au premier rang de l’Université militante : ce fut lui qui frappa les grands coups de bâton dans les controverses d’alors : cela allait même jusqu’au mauvais goût ; il devint type, une sorte de jésuitophobe, un soldat perdu de l’avant-garde. Quand février éclata, il entra de plain-pied et comme de droit naturel au ministère avec M. Carnot. Mais voici le miracle : depuis, il y est resté ! et aujourd’hui encore, sous M. de Falloux, il continue ses fonctions à la satisfaction de ses anciens et de ses nouveaux amis, si amis il y a. Cela s’explique de diverses manières, un peu, il faut l’avouer, par la délicatesse de M. de Falloux, qui eût craint de commettre par sa destitution un acte de vengeance personnelle. Quoi qu’il en soit, M. Génin accueillit parfaitement le projet, et témoigna vivement la satisfaction qu’il aurait à me voir y prendre part. Il nous demanda un programme de notre voyage pour l’envoyer a l’Académie des Inscriptions, et demander l’avis de cette savante compagnie. Ceci était sans inconvénient : je rédigeai ma pièce d’une façon très générale, disant seulement ce qu’il y aurait à faire, sans formuler aucune demande, sans une seule phrase qui révélât une affaire personnelle. Depuis M. Génin en a parlé û M. de Falloux, qui a complètement approuvé le projet et l’a embrassé même avec une sorte d’amour-propre, comme une façon de relever son expédition, et de prouver qu’il n’est pas aussi illibéral que l’on pense. Les choses en sont là :