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vorables pour toute publication ; enfin les circonstances ne seront pas encore à cette époque, ce qu’on peut espérer qu’elles seront dans quelques mois. Le temps qu’il me faudrait, ce serait un moment de calme et presque d’ennui, de réaction mesquine et tracassière, mais non pas violente, un moment aussi où la Montagne fût tout à fait vaincue et impuissante, où les idées libérales fussent en hausse par le triomphe de leurs adversaires et le silence de ceux qui leur font tant de tort en les faussant et les défendant mal. Or évidemment nous marchons là, et l’événement d’avant-hier ne peut être que favorable à mon point de vue. Le triomphe de la Montagne eût remis pour longtemps mon manuscrit en portefeuille ; car ces gens-là donnent mauvaise mine à tout ce qui sent un peu le mouvement et le progrès, et en parlant ainsi, on pourrait être soupçonné d’abonder dans leur sens. L’élimination de l’élément Dufaure serait aussi bien désirable pour créer la circonstance de mon livre : il faudrait pour le faire opportun et lui rendre les esprits favorables un gouvernement Thiers-Falloux. Je te transcrirai tout à l’heure un extrait de la table analytique des paragraphes, qui pourra te donner une idée du contenu.

M. Daremberg est de retour d’Oxford, et est venu a Versailles demeurer tout auprès de moi. Mon plus pressé a été de lui lire le passage de ta lettre relatif aux symptômes du mal que tu éprouves. Il m’a bien rassuré, chère amie. Ces