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désespoir de cause, je ne reculerai pas devant certaines places de province. M. Egger m’engage à demander une place de maître-surveillant à l’École Normale. Ces places sont peu assujettissantes, et sont données d’ordinaire à des agrégés qui veulent rester provisoirement à Paris. Tout ce qu’il nous faut, c’est de gagner du temps. Quoi qu’il en soit, sois certaine que je ne négligerai rien pour faire réussir ces démarches.

L’affaire importante pour moi est en ce moment mon ouvrage. Je revois ma première rédaction, qui, d’après mon habitude, est tout à fait négligée. Ce long travail, qui m’occupe depuis trois semaines, sera achevé vers la mi-juillet, c’est-à-dire vers l’époque de mon départ pour Saint-Malo. L’ouvrage sera alors complètement terminé et fixé dans toutes ses parties essentielles. Je l’emporterai en Bretagne, et je consacrerai mes vacances à la dernière révision et à ces interminables corrections dont on a tant de peine à se détacher avant l’heure suprême. L’ouvrage à mon retour à Paris sera donc scellé et parachevé. Le publierai-je immédiatement ? Très grave question, et qui préoccupe en ce moment toutes mes pensées. Je suis à peu près décidé toutefois à attendre qu’on ait réglé ma position de l’an prochain avant de le donner au public. Car d’une part la publication n’en pourrait avoir lieu avant le mois de septembre, et par conséquent je ne pourrais guère m’en prévaloir comme d’un titre ; d’une autre, les mois de vacances sont tout à fait défa-