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mes propres inclinations. L’autre jour encore, je refusais une chaire de rhétorique dans un établissement de plein exercice, bien vu de l’Université, avec deux mille francs d’appointements, sans compter la table et le logement, et cela à une classe par jour. Mais plus que jamais, chère Henriette, je vois l’absolue nécessité de ne pas céder sur ce point si capital pour mon avenir, quelle que soit celle de mes deux branches d’études qui m’amène à une position fixe.

D'aprés ces données, chère amie, quelle résolution actuelle ai-je du prendre, et quoi plan adopter pour mes études ? M. Soulico me conseillait fortement de tenter l’agrégation à la fin de cette année. Ce ne sont pas seulement les agrégés qui sont avantageusement placés, me disait-il. Ceux d’entre les ajournés qui ont obtenu un rang honorable le sont aussi bien, ou au moins on tient de leur épreuve le plus grand compte dans le placement. Je te l’ai déjà dit, chère amie, je suis persuadé qu’on me présentant à la fin de cette année, j’aurais des chances de réussite. Mais je croirais présomption d’oser espérer les premières places. Et il est nécessaire d’être dans les premiers pour rester a Paris. En attendant encore une année au contraire, je puis former les plus solides espérances. Les épreuves de l’agrégation, que j’ai suivies avec beaucoup d’attention durant les vacances dernières, sont tout à fait dans ma manière et ma tournure d’esprit, et elles ne m’inspirent pas ces craintes