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même maison, où je suis fort bien et à très bon marché. La pension d’ailleurs est à Versailles à très bon compte, en sorte qu’en comptant mes deux voyages hebdomadaires, ma vie est encore ici à meilleur marché qu’elle ne serait à Paris. D’ailleurs mon travail n’exige nullement ma présence à Paris ; le séjour de Versailles m’est même a beaucoup d’égards préférable sous ce rapport. Il serait donc possible que j’y restasse jusqu’à la mi-juillet, époque où finissent les cours du Collège de France. Alors peut-être j’effectuerai le petit voyage de Saint-Malo, que maman me demande avec tant d’instances et que je ne peux plus lui refuser. J’y resterai trois semaines ou un mois, après quoi je reviendrai à Paris, vers la mi-août, afin de presser mes affaires pour ma situation de l’an prochain.

Je suis tout à fait décidé, chère amie, à me faire l’an prochain une position plus lucrative et plus confortable que par le passé. Non pas assurément que mes goûts soient devenus plus positifs, ni que mon ambition ait changé d’objet, mais parce que le bien même de ma carrière intellectuelle le demande et que d’ailleurs c’est pour moi un devoir. C’est un bonheur que la suppléance de Versailles soit venue m’arracher de force de chez. M. Crouzet ; car tel est mon quiétisme pour ces sortes de choses que quand je me trouve casé bien ou mal, je ne songe pas à chercher mieux. Je ferai des efforts suprêmes et de grands sacrifices pour rester à Paris ; mais en