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réflexions ? J’attends impatiemment ta prochaine lettre, qui m’entretiendra, j’en suis sûr, de ces graves incidents, et peut-être m’instruira de la résolution que tu auras prise. Songe bien que je puis partir le lendemain du jour où je recevrais ta lettre. Mes fonctions à Versailles ne seraient pas un obstacle et d’ailleurs elles touchent peut-être à leur terme. M. Bersot reviendra probablement la semaine prochaine, s’il n’est pas élu. En cas d’événement tout à fait imprévu et d’importance majeure, je partirais sans attendre d’ordre, en te donnant l’adresse où nous nous rencontrerions à Berlin. Sois bien persuadée que pour me décider à une démarche aussi grave, j’attendrais et que le fait qui l’aurait déterminée fût parfaitement et officiellement constaté, et que sa gravité fût aussi tout à fait indubitable. Si tout ceci ne devait aboutir qu’à nous réunir, je ne regretterais pas les inquiétudes que nous aurions éprouvées ; mais craignons de rendre cette réunion difficile ou dangereuse. Songe surtout que tu devras transporter des valeurs à la frontière, et que pour cela certaines conditions sont nécessaires dans l’état du pays. Il est temps définitivement, ma chère amie, et j’ai la confiance que cette fois tu le reconnaîtras comme moi-même, il est temps, dis-je, de mettre un terme à cette vie d’alarmes perpétuelles. Certes ces événements nouveaux n’étaient nullement nécessaires pour motiver une détermination, que depuis si longtemps nous aurions dû prendre ; mais enfin que ce soit le dernier