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même d’avoir lu les réflexions si exactes que tu faisais dans ta dernière lettre, j’avais compris, chère Henriette, qu’une place inférieure et peu occupée dans l’Université et à Paris serait ce que je pourrais désirer de mieux et j’ai fait au ministère toutes les démarches nécessaires pour m’éclairer sur la possibilité du succès. M. Soulico a bien voulu me seconder, et voici quel a été le résultat très positif des renseignements qu’il a recueillis. 1° que le moment n’était pas favorable pour solliciter, toutes les nominations officielles étant déjà faites. 2° que pourtant un grand nombre de places seraient encore flottantes jusqu’à quelques semaines, soit par refus d’accepter, soit par demandes de changements, etc., les premiers placements n’étant jamais définitifs, que, par conséquent, en faisant appuyer ma demande, je ne pouvais manquer d’obtenir assez promptement une place de professeur de rhétorique ou de philosophie en province, dont le traitement fixe serait d’environ dix-huit cents francs, sans compter l’éventuel (avantages que la ville fait au professeur du bien superflu dans les revenus du collège, que les employés se partagent entre eux), lequel dans certains collèges est assez considérable. 3° Que, quant à une place à Paris, il serait absolument impossible d’y songer, quand même j’aurais tous les titres et toutes les recommandations possibles, quand même le ministre lui-même le voudrait. Les places de Paris sont en effet prises les premières, et soigneusement gardées