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J’ai lu avec un extrême plaisir, chère Henriette, l’article que tu as envoyé à mademoiselle Ulliac sur les catacombes. Ton style est tout à fait ferme et viril, et on vérité bien supérieur à ce qu’il faut pour ces frivoles publications. Un archéologue de profession n’aurait pas mis plus d’exactitude dans les explications sur lesquelles tu conservais quelque doute. Quant au mot d’anagramme, j’avais compris avant d’avoir reçu ta dernière lettre que c’était une distraction, pour monogramme, et j’avais déjà suppléé celui-ci à la place du premier. Mademoiselle Ulliac trouve l’article fort intéressant, mais un peu court, défaut dont, dit-elle, elle a rarement à se plaindre. Elle se propose en conséquence d’y ajouter quelque chose. Ces journaux sont de vrais lits de Procuste : tout n’est qu’allongement ou retranchement, outre que mademoiselle Ulliac aime beaucoup à faire le coup de ciseau. Elle a fait à l’énigme historique et à l’explication que j’avais été condamné à lui fournir les plus singuliers changements, et ne s’est pas aperçue qu’elle faussait la vérité historique. Heureusement que je lui en abandonne de grand cœur toute la responsabilité et propriété.

J’ai fait, depuis ma dernière lettre, chère amie, plusieurs démarches fort importantes ; et si elles n’ont pas amené de grands résultats dans ma position actuelle, au moins elles m’ont fourni beaucoup de lumière pour l’avenir et m’ont arrête sur le plan que je devais suivre. Avant