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croyait avoir faites dans l’expérience qui lui a coûté si cher, et ne paraissait préoccupé que du soin de les continuer ! Adieu, excellente amie. Écris-moi bientôt ; j’ai besoin de ta voix douce et chérie ; car je ne sais pourquoi, je suis triste,

Tout à toi, chère sœur,
E. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 29 décembre 1848.

Excellente sœur, Tu me demandais une prompte réponse pour calmer les inquiétudes que t’avaient fait concevoir sur l’état de notre pays des nouvelles inexactes. Bien que des récits plus véridiques aient dû les faire cesser, je ne veux pas tarder néanmoins à t’écrire. C’est d'ailleurs, je t’assure, une de mes joies les plus vives de trouver une affection comme la tienne dans le sein de laquelle je puisse épancher sans réserve ma pensée et mon cœur. Que je souffre de te voir, en ce qui concerne l’état de notre patrie, le jouet du premier nouvelliste extravagant ou ennemi ! Au nom du ciel, ne crois rien que ce que tu verras dans le Journal des Débats. Je suis loin sans doute de te donner cette feuille comme un juge impartial ; mais enfin sa publicité lui interdit les canards