Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et m’est si nécessaire pour traverser ces jours pénibles. Compte à jamais sur la mienne.

Ton frère et meilleur ami,
E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 16 décembre 1848.

Excellente amie, que les intervalles de notre correspondance me paraissent longs, depuis que je m’étais habitué à voir chaque semaine quelques mots de toi ! Ton silence et la lettre récente de mademoiselle Ulliac m’ont fait conclure que ta santé était enfin rétablie ou du moins que l’amélioration dont tu m’assurais dans chacune de tes lettres, continue lentement. Et pourtant nos journaux parlent toujours du choléra comme sévissant à Cracovie. Quant à Varsovie, si quelque chose pouvait faire comprendre le mur de séparation qui existe entre le pays que tu habites et le nôtre, c’est le silence qu’ils ont tenu, faute de renseignements sans doute, sur les ravages du fléau dans cette ville. À peine parlaient-ils d’un fait, qui ou temps ordinaire et dans un pays européen, eût été un événement.

Voilà donc la grande folie accomplie, chère