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perdre, à mes yeux du moins, ce que rien ne remplace pour elle, sa véritable dignité.

Cette lettre est inachevée.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 24 novembre 1848.

Quelle joie m’ont causée, chère amie, tes longues et fréquentes lettres ! De quel poids mon esprit est soulagé, en apprenant que définitivement ta santé est rétablie et que le fléau qui nous a causé tant d’alarmes s’éloigne enfin du pays que tu habites ! Oui certes, ma bonne Henriette, c’est la dernière fois que tu seras exposée à ses rigueurs dans cette contrée, et s’il revenait l’an prochain, ce serait un motif déterminant de retour. Si je voulais cette fois entrer dans une discussion approfondie de tout ce que tu me dis dans ta dernière lettre sur cette importante question, j’aurais bien à dire, et tout en convenant de bien des points, il y en aurait plusieurs autres, sur lesquels je ne serais pas entièrement d’accord avec toi. Mais au fond, ma chère amie, je crois toute discussion sur ce point frivole et oiseuse au moment où nous sommes. La question ne sera pas résolue par nos délibérations ; elle le sera plus brutalement, et cela bientôt peut-être. Le cas de guerre dans le pays qui nous sépare,