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bien des oscillations et peut-être aussi, il faut le dire, car c’est la loi fatale des révolutions, par l’emploi transitoire de moyens regrettables. Certes, bien des choses vont mal et très mal parmi nous ; mais déjà l’amélioration est grande. Déjà ce petit parti, qui n’était que l’incapacité exclusive, et qui prenait la France comme une mine de places à exploiter, est profondément percé. Un parti a pu prendre une initiative ; mais la France seule, j’entends les capacités de la France, feront la vraie révolution, celle qui n’aura pas de nom exclusif, celle qui n’appartiendra pas aux républicains ni aux socialistes, mais sera la conséquence naturelle de la marche de l’humanité. Rassurons-nous donc sur l’avenir. Notre fonds est assez léger pour qu’il puisse traverser les mauvais jours, et quant à notre position sociale, elle ne peut que s’améliorer, quand les résultats définitifs seront acquis.

J’ai reçu les trois mille francs eu ton nom, et les ai fuit passer à Alain, qui m’en a accusé réception. Notre mère me parle dans toutes ses lettres de ton retour. Adieu, excellente amie, quelles que soient les épreuves qui nous attendent, appuyons-nous sur notre affection réciproque. Celle-là au moins ne nous manquera jamais.

Adieu, excellente Henriette,
E. RENAN.