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concours. — J’oubliais de te dire qu’il était arrive après le mien un second mémoire, mais tout à fait inférieur. Il n’aura servi qu’à rendre possibles les conditions du concours.

1er août— Je te disais avant-hier qu’il n’y avait pas en France un seul communiste. La séance d’hier m’a, ce semble, donné un démenti. Mais non, cet homme est extravagant, et en vérité je trouve de mauvais goût la tactique de ceux qui ont agacé ce pauvre fou, pour lui faire dire des sottises à pleine tête. Cela est peu spirituel, et même peu philosophique. Nous sommes en face d’une immense difficulté : tout le monde la voit. Les habiles, n’y voyant pas d’issue, se croisent les bras. Les têtes plus faibles, capables de se laisser éblouir à la première bluette qui leur traverse le cerveau, proposent bravement leur petit expédient comme le remède à tous les maux. Puis les cauteleux s’amusent à rire de leur mésaventure, et à les embourber encore davantage. Je voudrais bien que ces messieurs proposassent à leur tour quelque chose. A ce propos, je me rappelle une découverte que fit il y a deux ou trois ans l’Académie des Sciences morales et politiques. Il s’agissait du remède au paupérisme. L’Académie ne trouva rien de mieux que de recommander par l’organe de M. H. Passy aux pauvres qui avaient beaucoup d’enfants de mettre le plus possible à la caisse d’épargne. Excellent conseil à donner à des gens qui peuvent à peine se suffire au jour le jour ! Cela rap-