Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je m’en suis félicité depuis ! Mes craintes redoublèrent quand, aux approches de l’examen, j’appris que ni M. Garnier, ni M. Damiron, que j’avais espéré avoir pour examinateurs, n’étaient du bureau, bien plus, qu’ils ne seraient à Paris que vers la fin du mois d’octobre, et qu’ainsi je serais même privé de leur recommandation, et obligé de paraître devant des juges auxquels j’étais entièrement inconnu. Jamais, je t’avoue, je ne vis plus mal s’annoncer aucune tentative, jamais je ne conçus moins l’espérance du succès.

Les épreuves écrites ont commencé, comme je te l’avais annoncé, le lundi 19 octobre. Le nombre des candidats, le premier jour, était d’environ trente-cinq, mais plusieurs perdirent courage et se retirèrent ; en sorte que vingt-neuf seulement terminèrent toutes les compositions écrites. Sur ces vingt-neuf, se montraient en première ligne douze élèves de l’École Normale, terrible avant-garde qu’il fallait percer pour arriver aux premières places. C’était d’autant plus formidable que le nombre des reçus ne pouvant dépasser douze ou quatorze, il restait à peine quelques places disponibles. Mais ce qui acheva de me faire perdre presque tout espoir, ce fut la nature des sujets de dissertation, entièrement en dehors de ma manière de penser et d’écrire, et tellement maigres et chétifs, que je ne puis concevoir encore comment j’en ai pu tirer deux discours qui aient mérité quelques éloges. Je te les donne par curiosité : 1° Disserta-