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est un homme fort ignorant et sans idées, ne voyant d’autre but à l’instruction publique que de républicaniser les masses.

Adieu, excellente et bien chère amie : écris-moi fréquemment : à bientôt peut-être ; tu connais ma tendresse.

E. RENAN.


Le médecin français de la maison du comte est-il parti ? Et le consul de France ?



MADEMOISELLE RENAN
chez monsieur le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 23 avril 1848.

Excellente amie,

A combien d’angoisses je suis encore livré sur ton compte, et combien je regrette que tu aies cru devoir différer ton départ ! Ce n’est pas que j’ajoute une foi entière à tout ce qu’on nous raconte. Mais c’est précisément ce qui fait ma peine  ; je ne sais à la lettre à quoi m’en tenir. Mon Dieu ! ma sœur bien-aimée, réfléchis-y pendant qu’il est temps encore. Ne vaut-il pas mieux faire dès à présent ce qu’il faudra faire dans un délai assez court, et peut-être avec beaucoup plus de difficulté que maintenant ? Je sais que toi seule, chère amie, peux porter un jugement sur tout ceci avec connaissance de cause : mais je