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JOSEPH-VICTOR LE CLERC. 507

fut frappé chez son libraire d’un coup subit, dont l’extrême gravité ne tarda pas à être reconnue. Il garda néanmoins presque toute sa conscience, exprima le désir que M. Hauréau lui succédât dans la commission de l’Histoire littéraire comme membre et comme éditeur, et fit prier M. le ministre de l’instruction publique de venir recevoir de lui quelques indications et quelques papiers qu’il jugeait utiles pour le bien de l’enseignement public. Il expira le 12 novembre 1865, à l’âge de soixante-seize ans.

L’amitié et la reconnaissance dictèrent ses dernières volontés. Il légua toute sa fortune à l’associé et au continuateur de celui à qui il devait son éducation. La suite montra qu’il avait bien placé ses sympathies. M. Hallays-Dabot fit don à la bibliothèque de la Sorbonne de la bibliothèque de son savant ami. Grâce aux sages mesures prises par M. Léon Renier, bibliothécaire de l’Université, cette précieuse collection aura son catalogue distinct et restera ainsi un trésor pour l’histoire littéraire. Par une décision de M. le ministre de l’instruction publique, l’appartement de l’illustre doyen a été rattaché au local de la même bibliothèque, sous le nom de Salles Victor Le Clerc. L’image de notre savant confrère, déjà placée au milieu des jeunes gens laborieux qui fréquentent ce lieu d’étude, présidera à leurs travaux et sera pour eux un encouragement à bien faire. Qu’ils ne s’attendent pas aux récompenses de cette vie heureuse et honorée. L’âge d’or des bons esprits est passé, notre siècle dur et borné n’accueille guère que ceux qui l’amusent, le flattent ou le trompent. L’obligation où l’État se trouvera de plus en plus de n’appeler à ses fonctions que