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506 MÉLANGES D’HISTOIRE.

à des misères cachées des secours dont l’origine devait toujours rester inconnue.

Son patriotisme était profond ; il n’entrait pas dans les divisions des partis. Tout gouvernement devenait à ses yeux légitime dès qu’il faisait le bien. Un jour qu’on parlait devant lui des serments de fidélité : « Ah ! quand donc, dit-il, aurons-nous aussi un gouvernement qui nous soit fidèle ? » Son bonheur était de contribuer à la gloire de la France. Sous le vieillard de soixante-dix ans, on sentait encore l’enfant reconnaissant pour la société qui l’avait élevé, lui avait donné des titres de noblesse et une tradition à continuer.

Les premières atteintes de la vieillesse vinrent pour M. Le Clerc vers 1857. Une attaque de diplopie inspira dès lors à ses amis certaines inquiétudes. Quelques parties de son grand discours sur le XIVe siècle n’étaient qu’ébauchées. Il craignit un moment de ne pouvoir le terminer, et prit des mesures avec le plus jeune de ses confrères pour que, s’il venait à mourir, l’ouvrage fût achevé et publié dans l’esprit qui avait présidé à sa rédaction. Le discours parut au commencement de 1863. Ce fut pour M. Le Clerc un moment de vive satisfaction. Il eut même encore le temps de revoir ce grand ouvrage et d’en faire une édition séparée, hors de la collection de l’Académie[1]. Le travail de cette révision le fatigua beaucoup ; il n’y survécut que deux mois. Le vendredi, 27 octobre 1865, M. Le Clerc assista pour la dernière fois à la commission de l’Histoire littéraire : il lut sa notice sur Guillaume de Nangis. Quelques jours après, il

  1. Deux volumes grand in-8o. chez Michel Lévy.