Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


JOSEPH-VICTOR LE CLERC.


C’est surtout quand il s agit des grands travaux d’érudition que les bons esprits sont fondés à se plaindre de ce qu’il y a parfois de superficiel dans les maximes de notre temps. Ces travaux, n’étant susceptibles d’aucune application pratique et ne s’adressant qu’à une élite d’hommes instruits, ne sauraient avoir dans le public ni lecteurs, ni approbateurs. Les institutions qui, autrefois, fournissaient à de telles études tant de facilités, comme les corporations universitaires et les ordres religieux jouissant de grands loisirs, ont disparu ou changé de caractère. Les classes qui, avant la Révolution, apportaient aux patientes recherches un docte contingent de travailleurs, clergé, magistrature, barreau, sont absorbées maintenant par les fonctions ou les passions de leur ordre, et ne trouvent plus de temps pour les occupations désintéressées. L’État, qui s’imagine avoir