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LES GRAMMAIRIENS GRECS. 437

ture nationale s’y montraient quelquefois rapprochés sur les monuments, dans les actes de la chancellerie, dans les contrats entre particuliers. Sous le règne de Claude ou de Néron, un scribe sacré, nommé Chérémon, gardien d’une partie au moins de la bibliothèque d’Alexandrie, publiait sur les hiéroglyphes un ouvrage de pure philologie, dont il s’est conservé de précieux fragments. On sait même, par le témoignage d’un papyrus du Musée britannique, que l’étude de la langue égyptienne était pour les Grecs de ce pays un moyen de gagner leur vie, soit en donnant des leçons, soit en faisant le métier d’interprètes. L’esprit de la conquête et de la domination romaine poussait encore à ce rapprochement des langues par les relations politiques et commerciales… Les actes du sénat et du peuple, les rescrits des magistrats, les décisions arbitrales, étaient gravés, en grec et en latin, sur l’airain ou le marbre… Mais tous ces secours, il faut bien l’avouer, ne paraissent pas avoir eu d’influence considérable sur les progrès de la philosophie du langage dans l’antiquité ; Apollonius, du moins, n’en a aucun souci… Il a fallu les progrès du christianisme et le vif intérêt d’une polémique où la littérature hébraïque était sans cesse en jeu, pour attirer sérieusement sur les langues orientales l'attention des philologues de l’Occident ; encore leurs travaux en ce genre ont-ils laissé peu de traces.

Pour bien écrire une langue, il ne faut pas l’avoir trop analysée ; aussi a-t-on remarqué que les grammairiens en général écrivent mal. Apollonius ne fait pas exception à cette règle. La rudesse et l’obscurité de son style ont droit de nous surprendre. Écrivant à une époque de