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LES CONGRÈS PHILOLOGIQUES.

cours, l’indication de sujets à traiter, les questions relatives à l’administration et au gouvernement de la société prêtent moins à la pédanterie, et rappellent les assemblées politiques, qui, de toutes les réunions, sont les plus dominées par leur objet. Mais il faut pour cela que le corps littéraire dont il s’agit occupe un rang dans l’État et joue le rôle de commission pour les intérêts de la science. Telle est chez nous la constitution de l’Institut et le principe de sa force. Les congrès philologiques de l’Allemagne auraient, ce semble, besoin de s’en rapprocher. Les premières séances de chaque session se bornent trop exclusivement à des lectures. Des adresses votées aux illustrations scientifiques, des félicitations aux savants présents à l’assemblée ne suffisent pas pour justifier de longs voyages de la part de personnes sérieuses et très-occupées.

Pour offrir des résultats et un objet vraiment solides, les congrès devraient se proposer avant tout de discuter les intérêts de la science, de lui donner une direction générale, d’indiquer et d’encourager les travaux utiles, d’entretenir et de ranimer l’esprit philosophique, qui seul peut donner un but et une valeur aux recherches spéciales. On ouvrirait des voies nouvelles à l’ardeur des jeunes philologues, on leur inculquerait par l’esprit général de la réunion ce bon goût qui n’est pas moins nécessaire dans les recherches d’érudition que dans les travaux purement littéraires ; chaque membre communiquerait ses vues et ses essais ; les branches diverses de la philologie, qui, dans l’état actuel de la science, vivent presque isolées, se prêteraient des secours et des conseils réciproques. Quel fruit l’helléniste ne retirerait-