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pour servir aux rapports continuels qu’elles entretenaient avec les Églises grecques, et traduire les ouvrages des Pères. Quelques-unes de ces traductions, celle des épîtres de saint Ignace Théophore, par exemple, sans parler de la célèbre version de la Bible connue sous le nom de Peschito, existent encore. Les nestoriens enfin naturalisèrent en Syrie toutes les sciences grecques, et particulièrement les études dialectiques et médicales, personnifiées en Aristote, Hippocrate et Galien. Aristote fut traduit par Cumas et Probus, de l’académie d’Édesse, dans le Ve siècle de notre ère. La plupart des textes scientifiques et philosophiques de la Grèce le furent dans les siècles suivants.

On peut apprécier autrement que notre auteur l’influence du christianisme sur les études classiques ainsi que sur la conservation des auteurs anciens, et trouver qu’il n’insiste pas assez sur les pertes que le zèle mal entendu de quelques évêques de l’Orient et de ces moines que Libanius comparait à des éléphants pour leur brutalité firent éprouver à la littérature, par l’incendie des temples, auxquels étaient d’ordinaire annexées les bibliothèques. Le christianisme ne fut pas et ne pouvait pas être favorable aux études profanes. Ces études étaient la glorification perpétuelle du polythéisme, qui n’avait pas cessé d’être un ennemi sérieux. On s’étonne que saint Grégoire trouve mauvais qu’un évêque enseigne la grammaire et s’occupe des louanges de Jupiter. C’est que Jupiter n’était pas encore une simple figure de rhétorique : c’était un dieu rival avec lequel on ne pouvait pactiser. Plus tard, quand la guerre fut finie, l'Église admit sans peine dans ses écoles tout le panthéon profane, peu suspect désormais de prétentions théologiques.

La manière qu’a choisie M. Græfenhan pourra sembler