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408 MÉLANGES D’HISTOIRE.

ciens donnèrent à l’étude des langues étrangères, et spécialement des langues de l’Orient. Cette branche de la philologie fut très-peu cultivée, je le sais, par les anciens ; néanmoins il y avait là quelques faits qu’il pouvait être intéressant de ne pas omettre : par exemple, les travaux d’exégèse biblique des premiers siècles du christianisme. Les écoles juives d’Alexandrie et de Palestine sont aussi un peu négligées, et pourtant que de traits intéressants il y avait là pour l’histoire philologique ! La légende des Septante, telle qu’elle est rapportée par pseudo-Aristée, le rôle qu’on y fait jouer à Ptolémée et à Démétrius de Phalère, la mention emphatique de la bibliothèque d’Alexandrie peignent à merveille la naïveté et l’engouement de ces premiers essais d’hellénisme. Les travaux de Philon et de Josèphe méritaient aussi quelque étude sous le rapport de la philologie, et spécialement de la critique. Enfin M. Grœfenhan a omis un intéressant chapitre de l’histoire de la philologie ancienne, en ne parlant pas de l’étude de la littérature grecque chez les Syriens[1]. Car, bien que les écoles d’Édesse et de Nisibe n’aient commencé à jeter tout leur éclat qu’après l’époque où l’auteur a fixé la limite de la philologie ancienne, déjà, dès les premiers siècles du christianisme, et même dès l’époque des Séleucides, les Syriens s’étaient profondément empreints de l’hellénisme. Les innombrables mots grecs qui se sont introduits dans leur langue en sont le témoignage. Les premières Églises de Syrie eurent des traducteurs et des interprètes attitrés

  1. Il s’agit ici principalement des Syriens habitant la région au delà de l’Euphrate, région où l’on parlait syriaque tout en cultivant avec zèle les lettres grecques.