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logie date du temps des successeurs d’Alexandre. Les écoles d’Alexandrie, de Pergame, de Rhodes, de Tarse transportent alors la Grèce en Orient, et réduisent la culture intellectuelle à l’érudition, à l’étude du passé. Rome accepta la philologie dès les premiers moments de son initiation à l’esprit grec, ou plutôt cette initiation fut elle-même toute philologique. Le phénomène d’une littérature qui, dès son apparition, est ainsi grammaticale et critique, et qui ne cesse point, pendant toute la durée de son existence, d’être à la fois philologique et productive, ne doit point nous surprendre. Les lois naturelles du développement de la littérature ne se vérifient pas dans les littératures qui ont été formées sous des influences étrangères, et ne sont point l’expression pure et spontanée de l’esprit d’une nation. Ces littératures ne doivent être considérées que comme des prolongements plus ou moins exotiques de celles qu’elles se proposent d’imiter ; l’ordre de production des genres et des esprits y est complètement interverti, et, comme elles se rattachent presque toujours aux derniers temps d’une culture antérieure, elles commencent souvent par où les autres ont fini.


II.


On ne saurait nier que les anciens, dans toutes les branches dont se compose la philologie, ne soient restés fort au-dessous de ce qu’ont fait plus tard les nations modernes. Cela devait être ; les moyens leur manquaient.