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raire devront y trouver place. Tel est l’inconvénient, grave sans doute, mais nécessaire et compensé par de sérieux avantages, qu’il y a dans le droit qu’on se donne de choisir un groupe particulier de manifestations, pour en faire une étude spéciale, et de le séparer ainsi de l’ensemble de l’esprit humain, auquel il tient par toutes ses fibres. Ajoutons que les rapports des mots changent avec les révolutions des choses, et que, dans le langage, il faut surtout considérer le centre des notions, sans chercher à y substituer des définitions qui ne leur sont jamais parfaitement équivalentes. Quand il s’agit de littérature ancienne, la critique et l’érudition rentrent de droit dans le cadre de la philologie ; au contraire, celui qui ferait l’histoire de la philologie moderne ne se tiendrait pas, j’imagine, pour obligé de parler de nos grandes collections d’histoire civile et littéraire, ni de ces brillantes œuvres de critique esthétique qui se sont élevées de nos jours au niveau des plus belles créations philosophiques.

M. Græfenhan a pris la philologie dans son sens le plus étendu. Non content de faire l’histoire des travaux ex professo sur la matière, il étudie le tour général de la littérature, le système d’éducation, l’attention donnée aux bibliothèques et aux établissements scientifiques ; il recherche les signes de l’esprit philologique aux siècles où la philologie n’était point encore organisée et chez les auteurs qui n’ont pas songé à être des philologues.

Il était difficile d’être autre chose que subtil en voulant trouver la philologie dans des temps où elle n’existait pas. Cette partie de l’ouvrage de M. Græfenhan n’échappe pas au reproche de puérilité. Au contraire, la partie de son travail où il relève toutes les traces de