Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/386

Cette page a été validée par deux contributeurs.
360
MÉLANGES D’HISTOIRE.

le premier d’entre eux, le célèbre conquérant Thsin-chi-Hoang, qui ordonna de brûler tous les exemplaires des livres de Confucius et avec eux les autres ouvrages anciens qui se trouvaient répandus dans l’empire, et de réduire au silence leurs admirateurs. Mais ce ne fut là qu’un orage passager ; il eut pour causes l’esprit novateur de ce prince, qui voulait que la civilisation de la Chine datât de son règne, et aussi la liberté des lettrés, lesquels usaient largement du droit qui leur fut légalement accordé à certaines époques de critiquer les actes du gouvernement. Dès les premiers temps de la dynastie des Han, les rois se rallient à la corporation puissante dont les principes étaient si bien d’accord avec leurs vues politiques. « La création des concours et l’adoption des King comme base de l’enseignement moral et littéraire, dit M. Édouard Biot, furent des actes de pure politique de la part des empereurs de la dynastie Han. Obligés de lutter contre les princes apanagés de leur propre maison et contre les familles de leurs grands officiers qui réclamaient l’hérédité des charges, ils apprirent que les livres de Confucius condamnaient cette hérédité, recommandaient expressément la centralisation de l’autorité entre les mains du souverain, et conseillaient l’appel public au mérite pour le choix des officiers. De tels principes devaient leur plaire, et ils devaient accueillir ceux qui les professaient comme des auxiliaires utiles dans la lutte où ils étaient engagés. Ils furent donc conduits par leur propre intérêt à favoriser l’influence des lettrés ; ils consentirent aisément à laisser ceux-ci régler les conditions qui pouvaient leur procurer de bons officiers et les délivrer de l’hérédité des charges. Dans des circonstances extraordi-