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devait par la suite constituer un trait si remarquable de l’éducation et du gouvernement de la Chine. Ce peuple a toujours été pénétré de cette idée que la culture intellectuelle constitue le droit le plus naturel aux places de l’État, et que le concours légal est l’indice le plus sûr du mérite. Les souverains paraissent continuellement préoccupés de rechercher les hommes les plus dignes des emplois publics, d’en tenir un compte fidèle, d’en demander l’indication aux gouverneurs des provinces. L’hérédité des charges, bien qu’elle ait par intervalles dominé en Chine, y a toujours été considérée comme un abus, contre lequel les souverains et les lettrés ont réuni leurs efforts. Ce fut cette hérédité qui, s’établissant sous les derniers souverains de la dynastie Tcheou, hâta leur décadence et leur chute définitive, et transforma la Chine d’abord en une féodalité, puis en une fédération également contraires aux anciens principes. Alors paraît Confucius, qui essaye de ramener ses compatriotes aux traditions primitives, enseigne la centralisation du pouvoir, unit la cause des lettrés à celle de la monarchie, et dépose sa doctrine, ou plutôt la tradition dont il se porte comme l’organe, dans ces livres célèbres qui, sous le nom de King, sont devenus pour la Chine les classiques par excellence et les bases de l’éducation. Ses disciples se multiplient peu à peu et se constituent en association ; Meng-Tseu, le plus célèbre d’entre eux, consolide l’œuvre du maître, et ainsi se trouve établie la corporation des lettrés, qui va désormais jouer dans l’histoire un rôle si important. Les premiers souverains qui régnèrent de nouveau sur la Chine réunie en monarchie ne semblèrent pas comprendre la communauté de leur cause avec celle des lettrés. Ce fut