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clopédie d’histoire anecdotique, divisée en quatre compilations successives, se complétant l’une l’autre, et renfermant tout ce qu’une lecture immense et des relations étendues lui avaient offert de renseignements sur les siècles antérieurs. La perte plus ou moins irréparable des recueils dont les Prairies d’or ne sont que la continuation ne saurait être assez regrettée.

Tel qu’il est, malgré ses lacunes et ses choquants défauts, le recueil de Maçoudi est un livre d’un rare intérêt. Je ne connais pas de lecture plus attachante que celle de cette longue causerie, pleine de parenthèses, rappelant la manière d’un Sainte-Beuve, par l’aisance, l’ampleur des informations, la curiosité éveillée, sinon, par le goût et la délicatesse. Ce chapelet d’anecdotes et de digressions, rattachées entre elles au moyen du fil le plus léger, tient toujours l’attention sous le charme. Le septième volume des Prairies d’or, que vient de publier M. Barbier de Meynard, contient la suite de l’histoire des Abbasides, dont le sixième volume, publié en 1871, nous avait donné le commencement. Celui-ci s’ouvre à l’avènement définitif de Mamoun (813 après J.-C), et se termine au meurtre de Motaz (869). Il comprend donc une période d’environ un demi-siècle, et nous fait assister à la période la plus brillante, puis à la décadence du khalifat de Bagdad. Jamais temps ne fut si bien fait pour occuper un Tallemant des Réaux, et jamais homme ne fut mieux préparé que Maçoudi, par sa philosophie facile et son insouciance morale, à ce rôle de collecteur d’ana et de chroniqueur indiscret.

Il n’est pas donné à toutes les époques ni à tous les pays d’être poétiques ou romanesques. Le genre particu-