à bon feu, d’estre lavé les piés, avoir chausses et souliers frais, bien peu, bien abreuvé, bien servi, bien seignouri, bien couchié en blans draps et cueuvre chiefs blans, bien couvert de bonnes fourrures, et assouvi des autres joies et esbatements, privetés, amours et secrets dont je me tais ; et lendemain, robes-linges[1] et vestements nouveaux. Certes, belle seur, tels services font amer et désirer à homme le retour de son hostel et veoir sa preude femme et estre estrange des autres. Et pour ce je vous conseille à reconforter ainsi vostre autre mary[2] à toutes ses venues et demeures, et y persévérez. »
Il y avait dans ce goût du chez soi le germe d’une forte moralité bourgeoise, qui, si elle n’eût été étouffée par les éléments plus légers venus du Midi au xvie siècle, eût fait de nous une nation sérieuse à la façon anglaise. Mais que ce bon bourgeois, si heureux de trôner dans son hôtel du quartier des Tournelles, est différent d’un bourgeois de Pise ou de Florence ! La naissance de l’art est accompagnée d’une certaine facilité dans les mœurs. Conduite par l’austère Université, la bourgeoisie ne voyait dans le luxe, fort critiquable, il est vrai, des princes du sang, que des dérèglements et une augmentation des taxes. En Italie, tout était pardonné à celui qui embellissait la cité et créait des monuments dignes d’un peuple libre. En France, cela s’appelait des prodigalités, de l’argent perdu. Florence, dépeuplée par