Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’y a jamais eu en Europe une dynastie durable qui n’ait été d’origine germanique.

On ne se lasserait pas à suivre M. Beulé dans la discussion de ces grands problèmes ; il y porte infiniment de pénétration et de finesse. Il vient de prouver que le talent d’écrire l’histoire serait, s’il le voulait, au nombre des riches dons qui lui ont été départis.


II.


M. Beulé vient de publier un nouveau volume de ces Études d’histoire romaine qui lui ont valu tant de succès. Celui-ci a pour titre : Titus et sa dynastie[1]. Il forme le quatrième et dernier tome de la série que M. Beulé intitule le Procès des Césars. « Procès » est le mot juste ; M. Beulé est avant tout un accusateur ; son livre est d’ordinaire un réquisitoire. M. Beulé a ce qu’il faut pour écrire la grande histoire, complète, approfondie, équilibrée dans ses parties, ne négligeant aucune source d’information, embrassant tout ce qui compose la vie de l’humanité à une époque donnée. Quand on se place à un tel point de vue, on est indulgent ; car on se convainc que le gouvernement de l’humanité est chose très-difficile, et que, livrée à elle-même, l’humanité se gouvernerait encore un peu plus mal que quand des ambitieux la déchargent de tout soin à cet égard. M. Beulé ne le prend pas ainsi. Son livre est une série de brillants portraits.

  1. Paris, Lévy, 1870.