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supposant des classes en apparence privilégiées, en réalité mises à part pour le service de la nation. — À cette voie de pénitence et de retour en arrière la France pouvait préférer la continuation du programme démocratique, où l’État, constitué par l’universalité des individus, n’ayant d’autre but que le bonheur des individus entendu comme les individus l’entendent, s’interdit toute visée au delà de ce que conçoit et sent l’universalité des individus. La conséquence d’un pareil état de choses est la poursuite du bien-être et de la liberté, la destruction de tout ce qui reste de privilèges et d’esprit de classe, l’affaiblissement du principe de l’État. L’individu et les groupes subordonnés à l’État, tels que le département et la commune, se trouveront bien d’un tel régime ; mais il est à craindre que la nation, la patrie, la France enfin, y perde chaque jour quelque chose de son autorité et de sa forte cohésion.

Il est clair que la seconde hypothèse a complètement remporté la victoire sur la première. À deux tentatives, auxquelles n’a manqué ni la hardiesse ni la résolution d’aller jusqu’au bout, la France a opposé un Non absolu. À toute autre tentative du même genre (et il est probable qu’il y en aura), le pays répondra sans doute de la même manière. Une