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Koyounjik, les présente comme deux villes distinctes, « jadis habitées par les Mèdes », et auxquelles il donne les noms de Larissa et de Mespila ; il ne prononce pas plus le nom de Ninive que si elle n’avait jamais existé en cet endroit. Larissa (Nimroud), d’un autre côté, paraît avoir été, dès la plus haute antiquité, une ville distincte de Ninive, soit qu’on y voie, avec Bochart, la Resen du dixième chapitre de la Genèse, soit qu’on préfère y trouver, avec M. Quatremère, la ville d’Ellasar, mentionnée dans l’histoire d’Abraham. Cela produit, il faut l’avouer, une confusion très-difficile à démêler. Tout s’explique cependant d’une manière suffisante, quand on se rappelle combien la notion de ville est différente, en Orient, de celle que nous attachons à ce mot. Le nom d’une ville n’y est souvent qu’un terme collectif pour désigner des groupes d’habitations souvent fort éloignés les uns des autres, séparés par des champs cultivés ou des campements de tribus nomades. Tel est l’aspect que présentent encore de nos jours les villes de Damas, de Mossoul, de Bagdad, d’Ispahan. On peut croire que la capitale de l’Assyrie n’était ainsi qu’une vaste région habitée, un ensemble de villes, dont les trois points nommés aujourd’hui Nimroud, Koyounjik, Khorsabad, représentent les centres principaux. Le souverain qui aspirait à laisser de lui un grand souvenir construisait une acropole avec sa pyramide, ses palais, son parc ou paradis entouré d’une vaste enceinte. Chacune de ces villes s’appelait d’un nom propre, sans cesser pour cela de participer au nom collectif de la capitale. Il est probable qu’après la grande destruction de Ninive, vers la fin du VIIe siècle avant l’ère chrétienne, quand cette ville perdit toute im-