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immense progrès, qui date de la seconde moitié de l’empire, s’est accompli dans ces études. Une jeunesse pleine d’ardeur est entrée dans les voies de la critique, et il n’est presque aucune branche des sciences philologiques qui ne soit maintenant cultivée chez nous selon les saines méthodes qui ont prévalu depuis trois quarts de siècle. Les plus beaux jours s’annoncent pour ces études, et l’avenir en est si bien assuré, que, moi et ceux de mon âge, nous pourrions tous entonner notre Nunc dimittis, n’était le désir bien naturel d’assister à la pleine éclosion de ce que nous avons désiré et appelé. Que cette vivante et forte jeunesse me permette seulement deux conseils. Le premier est d’éviter l’ingratitude qu’il y a d’ordinaire à laisser croire qu’on a inventé la science et créé l’esprit humain. Les bonnes méthodes philologiques ont toujours eu en France d’illustres représentants. Sans parler des siècles passés, n’avons-nous pas eu, à l’époque qu’on rabaisse le plus, Silvestre de Sacy, le créateur de la grammaire arabe ; Abel Rémusat, le créateur de la science du chinois ; Champollion, le créateur de l’égyptologie ; Eugène Burnouf, comparable aux créateurs les plus éminents des études aryennes ; Fauriel, doué d’un sentiment si profond