je me trouvai eu désaccord avec de zélés archéologues, dont l’admiration pour l’antiquité est parfaitement éclairée, mais peut-être un peu exclusive. Faire voter des fonds pour bâtir à l’évêque une nouvelle cathédrale et dégager le temple antique était le vœu que j’entendais former autour de moi. Je ne pus le partager entièrement. Le temple se voit bien tel qu’il est, et le vide même de la cathédrale avec ses trois nefs fait ressortir la grandeur de l’édifice antique.
Les fouilles de M. Cavallari ont été, à Syracuse, comme ailleurs, fructueuses et bien dirigées. Un temple des plus anciens, avec une belle inscription archaïque, est sorti de ces déblaiements, qui mériteraient d’être continués. Le théâtre, l’amphithéâtre, le nymphæum, la voie des tombeaux, les fortifications de l’Épipole, élevées par Denys le Tyran, et surtout ces latomies grandioses, qui jouent un si grand rôle dans l’histoire de Syracuse, font la plus vive impression. Rien ne peut rendre l’effet de ces carrières à ciel ouvert, d’une profondeur énorme, au fond desquelles s’étalent, à l’abri des masses taillées par la scie antique, de frais et luxuriants jardins de figuiers et d’orangers. La nature inégalement friable des couches de calcaire a produit dans les parois les jeux les plus bizarres ; une belle végétation de lierre et de rinceaux pendants forme devant chaque échancrure de rocher des rideaux transparents de verdure. Un déjeuner avait été préparé dans une de ces salles à demi hypogées ; un écran de citronniers et de grenadiers rejoignant les guirlandes naturelles que formaient les plantes grimpantes produisait un délicieux demi-jour. À une hauteur immense au-dessus de nos