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de ce temps et en rappellent l’esprit. D’autres remontent à ces dernières années de l’Empire, où l’on put croire qu’un avenir meilleur commençait à s’ouvrir. Quelques-uns sont des jours néfastes où la consolation de l’étude a été plus nécessaire que jamais à ceux qui aiment leur pays. Deux ou trois, enfin, appartiennent à un passé fort ancien, à 1847 et 1848, à ces années d’études ardentes où je regrettais que la vie ne fût pas comme un char à six ou huit chevaux, que j’aurais conduits à la fois. C’est mon digne maître et ami M. Egger qui faisait insérer au Journal de l’instruction publique ces élucubrations de jeune homme, qu’on était bien bon d’accepter, car elles étaient écrites d’une façon singulièrement inexpérimentée. J’ai éprouvé cependant tant de joie à les relire, que je me suis laissé aller à les réimprimer. J’y ai trouvé naïvement exprimées les idées qui ont été plus tard l’âme et le soutien de ma vie[1].

Ce m’a été une grande consolation de voir que presque tous les vœux que je formais il y a vingt et trente ans pour l’avenir des études philologiques et historiques se sont en grande partie réalisés. Un

  1. Il ne reste plus de cette époque à publier que l’Avenir de la science, que je composai en 1848 et 1849.