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patriotes et libéraux, entre lesquels on doit nommer le prince de Canino, jouèrent autrefois un grand rôle dans l’œuvre de l’unité et de l’indépendance de l’Italie. Le but en était alors, il faut bien le dire, plus politique que scientifique. Il s’agissait de donner aux hommes éclairés des différentes parties de l’Italie la facilité de se voir et de s’entendre. L’œuvre nationale une fois accomplie, on eût pu tenir pour superflues des réunions qui avaient servi de prétexte, à une époque de suspicion, pour préparer cette œuvre. On ne le fit pas, et l’on eut raison. On conserva comme un souvenir ces assemblées périodiques, devenues désormais moins importantes en un sens, et dans un autre plus sincères. Le congrès de Palerme a été digne de son titre et des savants italiens qui s’y sont trouvés réunis. Un parlement scientifique, dont faisaient partie le père Secchi, M. Blaserna, M. Canizzaro, M. Palmieri, M. Amari, M. Fiorelli, M. Imbriani, M. Conestabile, M. Raina, M. Salinas, M. Cusa, M. Pitré, ne pouvait manquer d’être fructueux. Le vénérable doyen de la philosophie italienne, M. Mamiani, présidait à tout avec sa haute tolérance, son esprit large et conciliant. La présence du prince Humbert et celle de M. Bonghi, ministre de l’instruction publique, contribuaient à une œuvre non moins utile que celle de la science, à une œuvre de bonne politique et de bonne administration.

Un des motifs, en effet, qui avaient porté à choisir Palerme pour siège du congrès national de la science italienne était une idée de concorde et d’apaisement. Depuis plusieurs années, la Sicile était froissée ; elle se croyait délaissée du reste de l’Italie, prétendait ne pas avoir sa part dans la répartition des faveurs nationales. La loi