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exemples et qu’en les imitant on serait un scélérat[1]. Apion cherche vainement à s’échapper par les explications symboliques. Clément établit sans peine l’absolue impuissance du polythéisme à produire une morale sérieuse[2]. Clément a d’invincibles besoins de cœur : honnête, pieux, candide, il veut une religion qui satisfasse sa vive sensibilité. Un moment les deux adversaires se rappellent des souvenirs de jeunesse, dont ils se font maintenant des armes de combat. Apion avait été autrefois l’hôte du père de Clément. Voyant un jour ce dernier triste et malade des tourments qu’il se donnait pour chercher le vrai, Apion, qui avait des prétentions médicales, lui demanda ce qu’il avait : « Le mal des jeunes !… j’ai mal à l’âme », lui répondit Clément. Apion crut qu’il s’agissait d’amour, lui fit les ouvertures les plus inconvenantes et composa pour lui une pièce de littérature érotique, que Clément fait intervenir dans le débat avec plus de malice que d’à-propos[3].

La philosophie du livre est le déisme considéré comme un fruit de la révélation, non de la raison. L’auteur parle de Dieu, de sa nature, de ses attri-

  1. Les païens eux-mêmes le sentaient bien. Philostrate, Vies des sophistes, II, i, 15.
  2. Homélies, iv et v.
  3. Ibid., v, 2 et suiv.