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égarée, qui sera un jour récompensée par la connaissance de la vérité. Simon et Pierre disputent de métaphysique ; Clément et Apion disputent de morale. Une touchante nuance de sympathie et de pitié pour les errants répand le charme sur ces pages, qu’on sent écrites par quelqu’un qui a traversé les angoisses du scepticisme et sait mieux que personne ce qu’on peut souffrir et acquérir de mérites en cherchant la vérité. Clément, comme Justin de Néapolis, a essayé de toutes les philosophies ; les hauts problèmes de l’immortalité de l’âme, des récompenses et des peines futures, de la Providence, des rapports de l’homme avec Dieu l’obsèdent ; aucune école ne l’a satisfait ; il va, en désespoir de cause, se jeter dans les plus grossières superstitions, quand la voix du Christ arrive à lui. Il trouve, dans la doctrine qu’on lui donne pour celle du Christ, la réponse à tous ses doutes ; il est chrétien.

Le système de réfutation du paganisme qui fera la base de l’argumentation de tous les Pères se trouve déjà complet dans pseudo-Clément. Le sens primitif de la mythologie était perdu chez tout le monde ; les vieux mythes physiques, devenus des historiettes messéantes, n’offraient plus aucun aliment pour les âmes. Il était facile de montrer que les dieux de l’Olympe ont donné de très mauvais