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minel par son beau-frère, voulant à la fois sauver son honneur et la réputation de sa famille, elle quitte Rome, avec la permission de son mari, et part pour Athènes afin d’y faire élever ses fils, Faustin et Faustinien. Au bout de quatre ans, ne recevant pas de leurs nouvelles, Faustus s’embarque avec son troisième fils, Clément, pour aller à la recherche de sa femme et de ses deux fils. À travers mille aventures, le père, la mère, les trois fils se retrouvent. Ils n’étaient pas d’abord chrétiens, mais tous méritaient de l’être, tous le deviennent. Païens, ils avaient eu des mœurs honnêtes ; or la chasteté a ce privilège que Dieu se doit à lui-même de sauver ceux qui la pratiquent par instinct naturel. « Si ce n’était une règle absolue qu’on ne peut être sauvé sans le baptême, les païens chastes seraient sauvés. » Les infidèles qui se convertissent sont ceux qui l’ont mérité par leurs mœurs réglées[1]. Clément, en effet, rencontre les apôtres Pierre et Barnabé, se fait leur compagnon, nous raconte leurs prédications, leurs luttes contre Simon, et devient pour tous les membres de sa famille l’occasion d’une conversion à laquelle ils étaient si bien préparés.

Ce cadre romanesque n’est qu’un prétexte pour faire l’apologie de la religion chrétienne, et montrer

  1. Homél., xiii, 13, 21.