Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/651

Cette page a été validée par deux contributeurs.

goût des Arabes. Mahomet ne fit, en somme, que revenir au judéo-christianisme de Zénobie, par réaction contre le polythéisme métaphysique du concile de Nicée et des conciles qui suivent.

La séparation de plus en plus forte entre le clergé et le peuple était une autre conséquence des conversions en masse qui eurent lieu au ive et au ve siècle. Ces foules ignorantes ne pouvaient qu’écouter. L’Église arriva bien vite à n’être plus qu’un clergé. Loin que cette transformation ait contribué à élever la moyenne intellectuelle du christianisme, elle l’a abaissée. L’expérience prouve que les petites Églises sans clergé sont plus libérales que les grandes. En Angleterre, les quakers et les méthodistes ont plus fait pour le libéralisme ecclésiastique que l’Église établie. Contrairement à ce qui arriva au iie siècle, où nous voyons cette belle autorité raisonnable des episcopi et des presbyteri retrancher les excès et les folies, ce qui désormais fera loi dans le clergé, ce sont les besoins de la partie la plus basse. Les conciles obéissent à des tourbes monacales, à des fanatismes infimes. Dans tous les conciles, c’est le dogme le plus superstitieux qui l’emporte. L’arianisme, qui eut le rare mérite de convertir les Germains avant leur entrée dans l’empire, et qui aurait pu donner au monde un christianisme susceptible de