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dire, car ils savent trop bien les faits ; mais saint Jean Chrysostome et, en général, les Pères qui ont reçu une éducation très hellénique ignorent les vraies origines du christianisme et ne veulent pas les connaître. Ils rejettent toute la littérature judéo-chrétienne et millénaire ; l’Église orthodoxe en pourchasse les ouvrages ; les livres de ce genre ne se sauvent que quand ils sont traduits en latin ou en langues orientales[1]. L’Apocalypse de Jean n’échappe que parce qu’elle tient par ses racines au cœur même du Canon. Des essais de christianisme unitaire, sans métaphysique ni mythologie, d’un christianisme peu distinct du judaïsme rationnel, comme fut la tentative de Zénobie et de Paul de Samosate, sont coupés par la base. Ces tentatives eussent produit un christianisme simple, continuation du judaïsme, quelque chose d’analogue à ce que fut l’islam. Si elles avaient réussi, elles eussent prévenu sans doute le succès de Mahomet chez les Arabes et les Syriens. Que de fanatisme on eût ainsi évité ! Le christianisme est une édition du judaïsme accommodée au goût indo-européen ; l’islam est une édition du judaïsme, accommodée au

  1. Ainsi le livre d’Hénoch, l’Assomption de Moïse, les Apocalypses d’Esdras et de Baruch, et même saint Irénée, parce qu’il est millénaire à l’excès. Papias, Hégésippe se sont perdus pour la même cause.