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CHAPITRE XXXIV.


TRANSFORMATIONS ULTÉRIEURES.


Ainsi une religion faite pour la consolation intérieure d’un tout petit nombre d’élus devint, par une fortune inouïe, la religion de millions d’hommes, constituant la partie la plus active de l’humanité. C’est surtout dans les victoires de l’ordre religieux qu’il est vrai de dire que les vaincus font la loi aux vainqueurs. Les foules, en entrant dans les petites églises de saints, y portent leurs imperfections, parfois leurs souillures. Une race, en embrassant un culte qui n’avait pas été fait pour elle, le transforme selon les besoins de son imagination et de son cœur.

Dans la primitive conception chrétienne, un chrétien était parfait ; le pécheur, par cela seul qu’il était pécheur, cessait d’être chrétien. Quand des villes entières arrivèrent à se convertir en masse, tout fut