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conciles œcuméniques, ses empereurs orthodoxes, son clergé de cour. Cela dura jusqu’au viiie siècle. Rome, durant ce temps, prenait sa revanche, par le sérieux et la profondeur de son esprit d’organisation. Quels hommes que saint Damase, saint Léon, Grégoire le Grand ! Avec un courage admirable, la papauté travaille à la conversion des barbares ; elle se les attache, elle en fait ses clients, ses sujets.

Le chef-d’œuvre de sa politique fut son alliance avec la maison carlovingienne et le coup hardi par lequel elle rétablit dans cette maison l’empire d’Occident, mort depuis 324 ans. L’empire d’Occident, en effet, n’était détruit qu’en apparence. Ses secrets vivaient dans le haut clergé romain. L’Église de Rome gardait en quelque sorte le sceau du vieil empire, et elle s’en servit pour authentiquer subrepticement l’acte inouï du jour de Noël de l’an 800. Le rêve de l’empire chrétien recommença. Au pouvoir spirituel il faut un bras séculier, un vicaire temporel. Le christianisme, n’ayant pas dans sa nature cet esprit militaire qui est inhérent à l’islamisme, par exemple, ne pouvait tirer de son sein une milice ; il devait donc la demander hors de lui, à l’empire, aux barbares, à une royauté constituée par les évêques. De là au califat musulman, il y a l’infini. Même au moyen âge, quand la papauté admet et proclame