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vienne de Dieu. Les puissances qui existent sont ordonnées par Dieu ; en sorte que celui qui fait de l’opposition aux puissances résiste à l’ordre établi par Dieu[1]. » Quelques années après, Pierre, ou celui qui écrivit en son nom l’épître connue sous le nom de Prima Petri, s’exprime d’une façon presque identique[2]. Clément est également un sujet on ne peut plus dévoué de l’empire romain[3]. Enfin, un des traits de saint Luc, nous l’avons vu, c’est son respect pour l’autorité impériale et les précautions qu’il prend pour ne pas la blesser[4].

Certes, il y avait des chrétiens exaltés qui partageaient entièrement les colères juives et ne rêvaient que la destruction de la ville idolâtre, identifiée par eux avec Babylone. Tels étaient les auteurs d’apocalypses et les auteurs d’écrits sibyllins. Pour eux, Christ et César étaient deux termes inconciliables[5]. Mais les fidèles des grandes Églises avaient de tout autres idées. En 70, l’Église de Jérusalem, avec un

  1. Rom., xiii, 1-7. Cf. Tit, iii, 1. Voir Saint Paul, p. 475 et 476.
  2. I Petri, ii, 13 et suiv. ; iv, 14-16 ; Voir l’Antechrist, p. 116.
  3. Voir les Évangiles, p. 329 et suiv.
  4. Les Apôtres, p. 22 et suiv. ; Saint Paul, p. 133-134 ; les Évangiles, p. 444.
  5. « Si aut cæsares non essent necessarii seculo aut si et christiani potuissent esse cæsares. » Tertullien, Apol., 21.