Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/630

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nent de Dieu une liberté bien meilleure[1]. » L’esclave ou plutôt l’affranchi arrivait aux plus importantes fonctions ecclésiastiques, pourvu que son patron ou son maître n’y fît pas d’opposition[2].

Ce que le christianisme a fondé, c’est l’égalité devant Dieu. Clément d’Alexandrie[3], Jean Chrysostome surtout[4] ne manquent jamais une occasion de consoler l’esclave, de le proclamer frère de l’homme libre et aussi noble que lui, s’il accepte son état et sert pour Dieu, volontiers et de cœur. Dans sa liturgie, l’Église a une prière « pour ceux qui peinent dans l’amer esclavage[5] ». Déjà le judaïsme avait professé sur le même sujet des maximes relativement humaines[6]. Il avait ouvert aussi large que possible la porte des affranchissements[7]. L’esclavage entre Hébreux était

  1. Pseudo-Ign., Ad Polyc., 4.
  2. Exemple de Calliste (Philos., IX) ; plus tard l’intendant de Simplicia (Grégoire de Nazianze, Epist., 79). Const. apost., VIII, 73 ; Can. apost., 81 ; Bunsen, Analecta ante-nicæna, III, p. 30.
  3. Ἄνθρωποι γάρ εἰσιν ὡς ἡμεῖς · ὁ γὰρ θεὸς πᾶσιν τοῖς ἐλευθέροις καὶ τοῖς δούλοις ἐστὶν, ἂν σκοπῇς, ἴσος. Clém. d’Alex., Pædag., III, xii, surtout p. 113. Cf. Strom., IV, 19.
  4. Opp., I, 784 ; IV, 290 ; X, 164, 165 ; XI, 165, 166 ; XII, 346.
  5. Constit. apost., VIII, 10. Cf. Clém. d’Alex., Strom., II, 18 ; saint Cyprien, Epist., 60.
  6. Deutér., v, xvi, xxiii ; Prov., xxx, 10 ; Talm. de Bab., Ghittin, 45 a ; cf. Maimonide, traité de l’Esclavage. Jésus, fils de Sirach, est cependant très dur, xxxiii, 25 et suiv.
  7. Inscr. de Crimée, Journ. asiat., juin 1868, p. 525 et suiv.