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de Pythagore, je me tais. — Suppose que Pythagore t’appelle », reprit Démonax.

On oublie trop que le iie siècle eut une véritable prédication païenne parallèle à celle du christianisme, et d’accord à beaucoup d’égards avec celle-ci. Il n’était pas rare, au cirque, au théâtre, dans les assemblées, de voir un sophiste se lever, comme un messager divin, au nom des vérités éternelles[1]. Dion Chrysostome avait déjà donné le modèle de ces homélies, empreintes d’un polythéisme fort mitigé par la philosophie, et qui rappellent les enseignements des Pères de l’Église. Le cynique Théagène, à Rome, attirait la foule au cours qu’il faisait dans le gymnase de Trajan[2]. Maxime de Tyr, en ses Sermons, nous présente une théologie, au fond monothéiste[3], où les représentations figurées ne sont conservées que comme des symboles nécessaires à la faiblesse humaine et dont les sages seuls peuvent se passer. Tous les cultes, selon ce penseur parfois éloquent, sont un effort impuissant vers un idéal unique. Les variétés qu’ils présentent sont insignifiantes et ne sauraient arrêter le véritable adorateur[4].

  1. Dion Chrys., Orat., xxxii ; Aulu-Gelle, V, 1 (Musonius).
  2. Galien, Method. medendi, 13, 15, t. X, p. 909, Kühn.
  3. Dissert., xi, xiv, xviii, édit. Dübner.
  4. Οὐ νεμεσῶ τῆς διαφωνίας· ἴστωσαν μόνον, ἐράτωσαν μόνον, μνημο-