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celle-ci ne conseilla au maître chrétien qui avait des esclaves chrétiens de les affranchir ; elle n’interdit même pas les châtiments corporels, qui sont la conséquence presque inévitable de l’esclavage[1]. Sous Constantin, la faveur de la liberté parut rétrograder[2]. Si le mouvement qui part des Antonins se fût continué dans la seconde moitié du iiie siècle et dans le ive siècle, la suppression de l’esclavage fût venue par mesure légale et avec rachat. La ruine de la politique libérale et les malheurs du temps firent perdre tout le terrain que l’on avait gagné. Les Pères de l’Église parlent de l’ignominie de l’esclavage et de la bassesse des esclaves dans les mêmes termes que les païens[3]. Jean Chrysostome, au ive siècle, est à peu près le seul docteur qui conseille formellement au maître l’affranchissement de son esclave comme une bonne action[4]. Plus tard, l’Église posséda des esclaves et les traita comme tout le monde, c’est-

  1. Philosoph., IX, 12 ; Constit. apost., IV, 6, 12 ; conc. d’Elvire, canon 5 ; Jean Chrys., Adv. jud., viii, 6 ; saint Grég. le Grand, Epist., IX, ép. 65. Voir, au contraire, Clém. d’Alex., Pæd., III, xii, p. 113.
  2. Wallon, Hist. de l’escl., livre III, ch. x, § 1 et 2.
  3. Saint Augustin, In Ps., xcix, § 7 ; Salvien, De gubern. Dei, IV, 2 ; Jean Chrys., De virgin., 52.
  4. Jean Chrys., hom. xl, 5, in Epist. I ad Cor. ; hom. xxii, 2, in Eph. ; argum. in Philem. ; hom. xi, 3, in Acta Apost. ; sermo V, 1, in Gen. Cf. saint Grég. le Grand, Epist., VI, 12.